Dom Juan ou le festin de pierre – David Bobée – Mac Créteil

Grosse production que ce Dom Juan de Molière mis en scène par David Bobée. J’avais vu Lucrèce Borgia il y a quelques années et j’en garde un souvenir certain.

Sur scène un cimetière de statues déboulonnées, et une question Faut il déboulonner les statues de l’Histoire ?

Un Dom Juan, c’est un séducteur souvent sans scrupule, mais disons avant l’ère #metoo, c’était plutôt positif pour un homme.

David Bobée voit tous les défauts de ce Dom Juan et les met fortement en avant. En fait il déteste tout le monde, les femmes, les hommes, les paysans, les gros, les pauvres… Il est violent, harceleur, masculiniste… jusqu’au bout même face à ses contradictions.

Le texte de Molière est là, d’où l’importance de la mise en scène qui nous le fait voir beaucoup plus noir…

Radouan Leflahi tient parfaitement le rôle titre, Shade Hardy Garvey Moungondo est brillant en Sganarelle.

Si ce spectacle passe près de chez vous, je vous le conseille vivement.

Je vous laisse lire ce que David Bobée précise sur le site de la Mac Créteil :

En relisant Dom Juan, j’ai réalisé que chaque scène qui compose cette pièce représente quelque chose contre lequel je lutte depuis toujours. Dom Juan est tour à tour classiste, sexiste, glottophobe, dominant… De plus, son anticléricalisme affirmé comme une vérité absolue ne peut qu’entrer en résonance avec notre France contemporaine.

Dès lors, j’ai très envie de monter ce classique de Molière, de mettre mes propres principes de vie à l’épreuve de ce texte sublime du grand répertoire et ainsi continuer mon travail de revisitation des grandes figures littéraires, historiques, ou mythologiques afin d’écouter ce qu’elles ont encore à nous apprendre. Comme ce fut le cas avec Peer Gynt, Hamlet, Roméo, Juliette, Lucrèce Borgia, Orphée, Thirésias…

Autrement dit, m’emparer de cette pièce de Dom Juan aujourd’hui revient à me poser clairement la question sur un plateau : faut-il déboulonner les statues dont les histoires nous encombrent au XXIème siècle ? Question à laquelle il n’est pas aisé de répondre.

Faut-il réécrire le répertoire pour le public de ce début de siècle, ou faut-il simplement décider de ne plus le monter ?
Mon parti pris est autre, il s’agit de le mettre en scène, de le contextualiser, d’en donner une lecture critique (…)

Il s’agira donc d’une lecture politique de cette oeuvre, mais qui ne taira pas pour autant les qualités de sa narration ni le fait que ce salaud puisse être un héros. (…) 

Il eût été trop facile de confier ce rôle principal à un acteur représentatif de toutes les dominations contemporaines, de tout ce qui est détestable, aujourd’hui. J’ai donc plutôt décidé de confier ce rôle à Radouan Leflahi, qui avec Peer Gynt aura su prouver qu’on peut être un vaurien admirable.

Il évoluera dans un décor entièrement constitué de statues gigantesques comme un cimetière de statues déboulonnées, tombées de leur piédestal, de dieux oubliés, créatures fantastiques disparues, et des figures politiques aux idéologies détruites ou des personnages historiques dont on a oublié jusqu’au nom et parmi elles, une fameuse statue de commandeur. »

David Bobée

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