Mon bel animal de Ivo Van Hove à La Grande Halle de la Villette

Nous sommes prévenus, interdit au moins de 16 ans, scènes violentes et sexuelles, accueil et écoute du planning familial dans le hall si besoin, lumières stroboscopiques et attention si allergique à la paille.

La pièce est l’adaptation du livre de Marieke Lucas Rijneveld. C’est en néerlandais surtitré. Comme ils parlent beaucoup et que je ne peux m’empêcher de lire, j’ai peut être moins « vu » les images et été un tout petit peu préservée.

Nous sommes à la campagne dans une ferme, la scène est recouverte de foin, le ciel l’entoure peu un jeu de miroirs.

Kurt le vétérinaire, marié et père d’un ado à mobylette, va à la ferme sauver un troupeau. La paysan est désespéré, sa femme est parti, son jeune fils est mort par accident et sa fille 14 ans rêve de devenir rockeuse et ne lui parle plus.

Kurt jette son dévolu sur la gamine alors que 30 ans les sépare. Sous prétexte de l’aider à aller mieux, de lui faire découvrir la vie, de l’écouter, il se présente comme son meilleur ami. Il installe doucement l’emprise puis commet l’innommable.

Kurt a également eu une enfance difficile et les apparitions de sa mère sont aussi bouleversantes. Mais rien cependant n’excuse son comportement.

La mise en scène ne nous épargne rien, scènes violentes, agressions sexuelles, viols et aussi scarifications.

Eefge Paddenburg qui interprète la jeune fille est époustouflante, je n’imagine pas comment elle peut sortir d’un tel rôle. Il y a des « pauses » musicales, elle reprend des tubes, elle est douée pour tout.

Le monstre joué par Hans Kesting, un grand acteur néerlandais, est je ne sais comment dire, glaçant peut être. On est à la fois dans sa tête, c’est lui qui raconte mais aussi dans l’imaginaire de la jeune fille troublée qui peut dialoguer avec Freud et Hitler, les symboles sont tellement forts.

Des spectateurs quittent la salle, en fait pourquoi s’infliger cela ? Pourquoi choisir un tel thème de spectacle ? Dénoncer les pédophiles, les violeurs, l’emprise ? Faire scandale, faire réagir, déranger ?

Et le sujet est tellement présent aussi dans l’actualité en ce moment. La parole se libère, on écoute les personnes qui dénoncent un inceste. Il faut très vite qu’il se passe quelque chose, que après les avoir écoutées, entendues, la société agissent pour protéger les enfants efficacement.

Hasard, j’ai lu le livre de Neige Sinno la semaine dernière, je vous en parle très vite…

J’ai été prise par le texte, par le jeu, assommée à la fin, la dernière chanson style concert ne laisse pas assez de temps pour se remettre. Je ne sais pas si un tel spectacle est nécessaire, il n’est pas divertissant par contre.

Sur le site de la Grande Halle de La Villette :

Ivo van Hove en abordant le roman, Mon bel animal, de Lucas Rijneveld, sait qu’il travaille sur une œuvre de fiction. Transposant dans l’espace du plateau l’écriture dense et obsessionnelle de l’auteur, il réussit le tour de force de mettre en scène la collision entre deux imaginaires. Celui d’une adolescente, fille d’un éleveur de bétail, rêvant de devenir une star de rock comme Kurt Cobain et tourmentée par un fort sentiment de culpabilité. Et celui de Kurt, un vétérinaire pédophile chargé de soigner le troupeau de vaches de son père, qui s’immisce peu à peu dans son monde intérieur pour mieux la piéger et abuser d’elle. Le choc est d’autant plus percutant que les acteurs Eefje Paddenburg et Hans Kesting jouent à la perfection cette relation déséquilibrée et malsaine entre un adulte et une enfant. Au fil d’une progression aussi inexorable que pernicieuse, la beauté de ce spectacle au réalisme cru tient à la façon dont il éclaire la question des violences sexuelles à travers le prisme non seulement du prédateur, mais de sa victime, rappelant au passage la remarque d’Herman Melville comme quoi « La vérité exprimée sans fards a toujours des bords déchiquetés ».

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5 réflexions sur “Mon bel animal de Ivo Van Hove à La Grande Halle de la Villette

  1. Avatar de Coco
    Coco 4 avril 2024 à 7 h 33 min Reply

    il n’y a pas que ma copine coco ger qui part du spectacle ,elle ,c était du ciné pour le film : coupez .entre Bérénice et ce spectacle ,les spectateurs ont la bougeotte et quittent leurs sièges .c’est surprenant comme attitude .quand tu vas au spectacle ,tu as lu au moins qq avis et le sujet

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  2. […] 30 # Jour 90 : Théâtre de fin d’après midi, une pièce mise en scène par Ivo Van Hove sur les violences sexuelles… Il faut un peu de temps pour s’en […]

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  3. Avatar de manika27
    manika27 7 avril 2024 à 9 h 52 min Reply

    Il faut déjà du courage pour aller voir une telle pièce. Merci du partage. hate de lire ton avis sur le livre.

    Aimé par 1 personne

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